Frederik Mispelblom biographie artistique
« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche »,Pierre Soulages
“Je déteste me répéter, reproduire du même, il me faut l’adrénaline des ruptures et des défis. J’aime l’infinie complexité de la peinture, de ses difficultés techniques, des enjeux de la composition, des combinaisons et mélanges de couleurs où tout est nuance.”
Originaire des Pays-Bas, dont les maitres classiques font partie de mes inspirations, j’ai a été initié à la peinture à l’huile dès l’enfance par un entourage familial et de voisinage de peintres. J’ai ensuite suivi des stages (nus, natures mortes, paysages) dans différents ateliers d’artistes jusqu’à mon départ pour la France en 1970.
Après une longue interruption due à ma carrière universitaire d’enseignant-chercheur, j’ouvre mon atelier à la Plaine sur mer en 2017. De mes origines néerlandaises reste une palette inspirée des grands maîtres classiques, et une tendance à la gravité, tempérée par certains van Gogh’s (certaines couleurs et touches). De Cézanne je suis l’idée que peindre, c’est penser avec un pinceau, et de Renoir, qu’il faut que les couleurs « baisent ». Avec Soulages je partage la manière de peindre : partir de traits en partie aléatoires, voir ce que cela donne, accentuer, infléchir, confirmer, modifier. De la peinture chinoise et japonaise classique je garde la référence au vide et le souci du trait premier.
Mais en matière de peinture je suis resté avant tout un chercheur. Je déteste me répéter, reproduire du même, il me faut l’adrénaline des ruptures et des défis. J’aime l’infinie complexité de la peinture, de ses difficultés techniques, des enjeux de la composition, des combinaisons et mélanges de couleurs où tout est nuance. Je m’inspire du principe taoïste, qui rejoint dans un sens Spinoza, que les objets et les paysages ont une vie, et que la vie se caractérise par l’infinie variation, magnifié dans toute l’oeuvre de Zao-Wou Ki : tout est semblable, rien n’est pareil. Et j’aime l’abstraction à la de Staël : avec un doigt de pied dans le réel. Peindre est une activité très sensuelle, et il faut que j’ai touché ce dont je m’inspire, tout comme je m’inspire de ce qui m’a touché.
Tout tableau commence par un trait, et c’est le trait qui décide de la suite. Avec au début un choix de couleurs et une esquisse de composition, voire un sujet figuratif, un tableau devient intéressant quand il échappe en partie à son créateur et « se met à parler ». Tout dépend ensuite de l’ouverture avec laquelle on accueillera l’imprévu. Un tableau est un « objet peint » selon le mot de Soulages, qui a sa logique et sa vie propres, auxquelles il s’agit de s’ajuster. « Perdre son chemin, c’est entrer en chemin », « Pour toute beauté, jamais je ne perdrai, sauf pour un je-ne-sais-quoi qui s’atteint d’aventure », Saint Jean de la Croix cité par Pierre Soulages : « c’est ça le vrai secret ».
Cela suppose de se libérer des normes et des conventions qui régissent les critères du « beau » en peinture, tout en préservant une bonne technicité et le souci du « travail bien fait ». Cette libération du trait dépend d’abord de l’état d’esprit, mais est soutenue aussi par les techniques utilisées : outre les classiques pinceaux (dont ceux des peintres en bâtiment) et couteaux, différentes tailles de rouleaux à encre et des ustensiles ménagers, les doigts y jouent un rôle très important dans le mélange et « lustrage » final des couleurs.
Il en résulte un style qui ne semble pas unifié. Sa diversité témoigne de variations dans l’état d’esprit, d’envies soudaines et d’inspirations nouvelles. Même si dans la palette certaines couleurs dominent et d’autres sont quasiment absentes, l’ensemble est plutôt coloré et joyeux, parfois plus sombre et grave, et se veut doux au regard. Une constante néanmoins : la recherche des « lieux incertains », d’images ambiguës, de perspectives plurielles, où les points de vue micro et macro se confondent, qui laisse au regard la liberté de s’évader.
Liberté, accueil de l’imprévu, suavité, douceur et joie de vivre….Indispensables, plus que jamais, vitaux !
J’expose depuis 2017 essentiellement dans le Pays de Retz, mais aussi à Nantes et Saint-Nazaire. J’ai crée avec d’autres artistes un collectif artistique investi dans la valorisation du patrimoine méconnu du territoire, « Les Arts en Retz ». C’est dans ce cadre que de grandes expositions collectives ont été organisées autour des mégalithes, des vestiges des briquetteries, des vignes oubliées, des marais d’eau douce et d’eau salée, à Pornic et ailleurs. J’expose depuis fin 2025 à la Galerie Stal Arzou de Sené, près de Vannes.